La motricité libre

la motricite libre

Dans les années 60, le docteur Emmi Pikler, une pédiatre hongroise, créa le concept de motricité libre ou motricité spontanée. Au cours d’un stage en pédiatrie, elle réalisa que les enfants des quartiers populaires étaient moins sujets aux accidents graves que les enfants des milieux aisés. C’est ainsi qu’elle en déduisit, que les enfants qui sont libres de leurs mouvements, sont plus à l’aise avec leur corps. En effet, dans les milieux aisés, les enfants étaient souvent surprotégés par leurs gouvernantes.

Elle appliqua ce principe dans la pouponnière Lóczy qu’elle dirigea à Budapest. Pendant les temps dédiés au jeu, les enfants évoluaient librement, sans l’intervention d’un adulte. Alors, elle constata que le développement moteur se fait naturellement et dans un ordre précis. Mais aussi, elle démontra que les bébés qui ont la possibilité de se mouvoir par eux-même, étaient plus agiles et prudents.

Le docteur Pikler créa également le concept de la théorie de l’attachement, interdépendant du concept de motricité libre. En effet, l’enfant a besoin d’un lien d’attachement fort pour avoir confiance en lui.

Aujourd’hui, ses travaux sur la motricité autonome sont reconnus par la plupart des professionnels de la petite enfance et de la santé.

Qu’est-ce que la motricité libre ?

Le principe de la motricité libre est assez simple : On laisse l’enfant évoluer librement. Concrètement, on ne l’empêche pas d’être actif en l’immobilisant dans un parc, une chaise haute ou un transat. Par ailleurs, on ne met pas un enfant dans une position qu’il n’est pas capable d’atteindre seul et dont il ne peut se sortir seul.

Ainsi, l’enfant s’approprie son corps et prend conscience de l’espace dans lequel il progresse. Il évolue quand il se sent près.

Par ailleurs, l’adulte se doit d’intervenir qu’en cas de nécessité. En “aidant” systématiquement son enfant, on lui induit qu’il n’est pas capable d’effectuer l’action qu’il s’apprêtait à faire.

Le rôle des adultes dans la motricité libre

Pour certaines personnes, la motricité libre s’apparente à du laxisme. Il n’en est rien. L’adulte est présent mais intervient de façon indirecte quand il n’est pas dans le soin.

Tout d’abord, l’adulte se doit d’aménager un espace sécurisé où l’enfant pourra se mouvoir librement. Il sélectionne des jeux qui devront être à la portée de bébé et adaptés à son développement. L’adulte adoptera une posture en retrait, et n’interviendra que lorsque l’enfant en a besoin (danger ou besoin affectif).

Quand appliquer la motricité libre ?

Dès les premiers jours de bébé, vous pouvez appliquer les principes de la motricité libre. Néanmoins, un nouveau-né a énormément besoin d’être entouré physiquement les premières semaines. C’est pourquoi, les temps alloués à l’activité libre devront être très courts.

Il vous suffit de poser bébé sur un tapis au sol et de le laisser se mouvoir. Peu à peu, il découvrira ses pieds, ses mains et son environnement. Restez auprès de lui, mais n’intervenez qu’en cas de besoin. Au fil des semaines, il se musclera, prendra de l’aisance et s’interessera de plus en plus à ce qui se trouve autour de lui. Vous pourrez alors le laisser explorer plus longtemps.

Vous pouvez poser auprès de lui, des jouets adaptés à son âge. Les premiers mois ce sera plutôt des hochets, des livres en tissu, ou des anneaux de dentition. Quand il se mettra assis seul, le panier à trésor devrait l’occuper de longues heures.

Quel matériel choisir pour favoriser la motricité libre ?

Le triangle de Pikler

Actuellement très en vogue, le triangle de Pikler est un élément moteur conçu par Emmi Pikler, favorisant la motricité spontanée. Il peut être utilisé dès que l’enfant est capable de se mettre debout avec un appui.

Le triangle de motricité Pikler permet à l’enfant de prendre conscience de son potentiel. Il se hisse sur ses jambes et essaie de grimper sur le triangle. Il s’utilise toujours sous la surveillance d’un adulte. En revanche, celui-ci n’interviendra que si c’est nécessaire. En effet, l’intérêt du triangle de Pikler est que l’enfant se rende compte de ses capacités.

Quand l’enfant grandit, on peut le compléter avec des modules tels qu’une rampe d’escalade ou un toboggan. Le triangle de Pikler convient en moyenne aux enfants de 6 mois à 4 ans. Il peut toutefois servir plus tôt, en guise d’arche, en y suspendant des jouets.

Nous vous recommandons d’opter pour un modèle en bois massif, labellisé FSC ou PEFC. Veillez aussi à ce que le modèle choisi réponde bien aux normes CE et NF. Enfin, choisissez un modèle de plus de 5kg pour plus de stabilité.

Triangle de Pikler ou triangle Montessori ?

On l’appelle aussi parfois triangle Montessori, car il est souvent employé dans la pédagogie Montessori. En effet, la pédagogie Pikler et la pédagogie Montessori sont assez proches. Elles prônent toutes deux de laisser les enfants faire par eux-même. Mais la pédagogie Pikler concerne les enfants de 0 à 3 ans environ, tandis que la pédagogie Montessori concerne plutôt les enfants de plus de 3 ans. Elle sont donc complémentaires. C’est pourquoi, le triangle de motricité est utilisé dans les 2 pédagogies.

Le matériel Pikler

Il favorise la motricité libre et l’activité autonome des tous petits. Il s’emploie durant les temps de jeux et lors de ses soins. Le triangle Pikler est aujourd’hui le matériel imaginé par Emmi Pikler le plus connu. Mais il existe de nombreux autres outils mis au point par la pédiatre.

La table-banc

Alternative à la chaise haute, la table-banc est utile pour prendre les repas. Elle s’emploie lorsque l’enfant est trop grand pour manger sur les genoux et trop petit pour manger à table. Dès que votre bambin tient assis, il peut y prendre ses repas en autonomie. Elle est particulièrement indiquée si vous pratiquez la diversification menée par l’enfant (DME).

La table de change Pikler

A la différence d’une table à langer classique, elle est plus large et dispose de grand barreaux. Ainsi, l’enfant peut bouger pendant le soin. Il peut même se tenir aux barreaux s’il préfère qu’on le change debout.

L’estrade

De hauteur variable, elle permet à l’enfant d’améliorer ses compétences motrices.

Le labyrinthe Pikler

Il développe l’agilité, la créativité et la motricité de l’enfant. En effet, les bambins rentrent dedans, l’escaladent, y cachent des objets à l’intérieur etc. C’est un matériel très ludique pour l’enfant.

Des vêtements adaptés

Pour pratiquer la motricité libre, on privilégiera les vêtements confortables tels que les legging, sarouels ou joggings. L’enfant sera idéalement pieds nus, ou portera des petits chaussons anti-dérapants en cuir souple.

Les limites de la motricité spontanée

Quand on découvre le monde de la motricité libre, on réalise qu’il y a beaucoup d’interdits. Par exemple, transats, parcs, lits à barreaux sont fortement décriés. En effet, ils entravent les mouvements de l’enfant.

De nombreux parents y renoncent, mais se retrouvent parfois dépassés. Certains enfants dorment peu et on peut manquer de temps pour assurer le quotidien. Plutôt que de succomber à la charge mentale, on est en droit de se faciliter sans culpabiliser. Votre enfant peut rester dans un parc ou un transat, le temps de prendre une douche ou de faire le repas. L’important, est que ces temps restent exceptionnels dans la journée.